Crédit photo : Jean-Marc Volta
Comment Les Bons Becs sont-ils arrivés dans ta carrière ?
F.H. : « Nous avons fait nos premiers essais et tentatives chorégraphiques alors que je venais juste de remporter le Concours International de Toulon. Autant dire qu’il n’y avait pas vraiment de plan de carrière, mais ce qui est sûr, c’est qu’il y avait largement l’envie de s’amuser entre amis ! ça s’est trouvé comme ça à l’époque, j’avais simplement envie de vivre et d’assumer de faire ce qui me faisait vibrer, sincèrement et sans calcul ».
Peut-on dire qu’ils ont donc finalement ajouté une corde de plus à ton arc ?
F.H. : « Oui ! De fait, ma vie artistique s’est rapidement partagée entre trois activités : les concerts classiques, les spectacles des Bons Becs, et l’enseignement. Même si un tel parcours peut paraître un peu atypique, nous vivons, et heureusement, une époque où les choix artistiques hors des cadres habituels sont assez facilement acceptés et respectés. J’ai toujours fait des choix de coeur et de conviction ! Personnellement, je trouve plutôt amusante cette alternance du récital classique avec les spectacles des Bons Becs. ça correspond par exemple à jouer en dansant des claquettes une semaine, et à créer le concerto de Hersant ou donner une masterclass la semaine suivante ! Pour moi, c’est devenu un mode de vie. Finalement, ce mélange atypique d’activités, c’est un peu comme un grand écart permanent et ça m’apporte une forme d’équilibre et de plaisir artistique ».
Florent Héau, ici avec le remarquable accordéoniste Théo Ould.
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Comment ces spectacles influencent-ils tes autres activités ?
F.H. : « Chaque spectacle stimule mon côté créatif. Et aussi mon côté récréatif ! Ils ont été l’occasion de me former aux claquettes, d’apprendre la scie musicale ou de développer des numéros avec une plombinette (instrument de la famille des castoramaphones, une exclusivité « Bons Becs » !). L’expérience particulière du spectacle est très enrichissante. On apprend à occuper l’espace scénique, on explore les langages corporels, par la danse ou des postures de jeu non conventionnelles, on touche à la comédie, et la relation avec le public est très particulière. Tout cela finit par imprégner nos personnalités, et je le ressens aussi comme musicien classique et enseignant. Je pense que j’ai une approche à la fois traditionnelle et personnelle de l’enseignement ; même si je n’insiste pas sur le travail particulier des Bons Becs, j’ai une certaine manière de voir ou de ressentir les choses, qui est là, en moi, quoi qu’il arrive. »
Avec Bruno Desmouillières, l’indispensable percussionniste des Bons Becs !
Crédit photo : Jean-Marc Volta
Quels conseils donnerais-tu aux jeunes qui voudraient se lancer dans la construction d’un spectacle ?
F.H. : « Tout d’abord, d’en avoir le goût et un désir ardent ! Se lancer dans le spectacle nécessite aussi d’avoir un minimum d’aisance pour bouger et s’exprimer en plus de l’instrument. En général, les débuts sont vertigineux ! Monter un spectacle représente un travail immense, et la forme finale est à créer entièrement. Je m’explique : quand on entreprend de travailler un concerto, la forme existe depuis le début et d’une certaine manière, c’est beaucoup plus simple de se projeter. Construire un spectacle, c’est partir vers l’inconnu. La contrepartie géniale, c’est que tout reste possible et imaginable ! Aussi, il est fondamental de s’entourer de personnes de confiance, musiciens comme metteurs en scène. C’est un travail qui met chacun face à soi-même, à ses possibilités comme à ses difficultés. Il faut apprendre à se laisser un temps d’apprentissage différent et à être patient. »
Un petit mot, pour finir, sur le rôle du matériel Vandoren dans tout ça ?
F.H. : « Nous accordons beaucoup d’importance à la qualité musicale, ce qui est un challenge avec ce genre de spectacles, parfois acrobatiques. Nous sommes donc attentifs au matériel, c’est-à-dire aux clarinettes, becs, anches, ligatures, qui nous permettent d’obtenir la sonorité de groupe que nous recherchons et une certaine souplesse et aisance malgré les difficultés posées par la mise en scène, et ainsi de nous exprimer librement, et pleinement ! J’ai récemment adopté la ligature Optimum finition Or rose. Elle permet une facilité d’émission, couplée à une douceur et une rondeur de son particulières. Elle apporte un éclat particulier à la sonorité, qui me touche beaucoup ! »
Florent Héau joue un bec Vandoren Black Diamond BD5, des anches V•12 n°3,5 et une ligature OPTIMUM finition or rose.